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Ordre des Feuillantines

 

 

De Saubens à Paris ou la fondation de l'ordre des feuillantines

Par Dieudonné DURIEZ-COSTES

L'auteur de ces lignes a pu au cours de ses recherches personnelles accumuler une documentation appréciable sur l'ordre des Feuillants (1), il n'a que très difficultueusement rassemblé des informations sur son équivalent féminin les Feuillantines, dont la fondation, nous allons le voir, est postérieure de cinq siècles.

C'est en effet au 12ème siècle, que grâce aux libéralités des seigneurs de Ravidan puis de Touges, les moines de Cîteaux s'installent à Feuillant en Comminges localisée sur le territoire de la paroisse de Labastide-Clermont aujourd'hui canton de Rieumes (2).

La discipline s'amollit au cours des siècles comme il en advint d'ailleurs généralement dans l'ensemble de l'église. La concurrence de la Réforme au 16e siècle incita les Cisterciens à renforcer leur règle. Cette tâche fut menée à bien par Jean de la Barrière dont la piété revigora les vocations défaillantes. C'est dans ce contexte tout autant mystique que passionnel qu'intervint la fondation de l'ordre des Feuillantines.

L'abbé de Feuillant dont les prêches en l'église St-Jacques à Muret étaient fort suivis, fut saisi à l'occasion de ses prédications d'une proposition fort originale de la part de deux Saubinoises.

Quelles étaient les requérantes ? Il s'agissait de deux soeurs Anne de Polastron, épouse de Jean de Grammond seigneur de Saubens et Marguerite de Polastron veuve du seigneur de Margastaud. La dame de Saubens (3) et sa soeur appartenaient à la noble et ancienne famille du Bas Comminges, les Polastron-Montaut-La Hillère. Elles résidaient alors, nous signale le Feuillant Pradillon de SainteAnne, au château de Saubens.

La Dame de Saubens demandait vers les années 1580 à l'abbé de Feuillant, l'autorisation de créer un ordre religieux féminin qui aurait pris la règle de St Bernard. L'abbé perplexe demanda à réfléchir. Dans l'intervalle une petite communauté de religieuses se forma autour de Marguerite de Polastron et de sa soeur la dame de Saubens. Une coïncidence facilita leur entreprise.

L'abbé de Feuillant avait envoyé à Rome en 1585 un de ses moines, Dom Jacques de Laroche pour faire approuver par le pape Sixte V les statuts de l'ordre masculin rénové, celui-ci qui connaissait bien la communauté Saubinoise fut chargé par un cardinal italien d'appliquer la règle de St Bernard à un couvent de religieuses. C'est ainsi que fut institué par un Commingeois, l'ordre de Ste-Suzanne de Rome, qui furent les premières feuillantines, quoiqu'elles n'en portassent jamais le nom.

Sous la double influence des requêtes incessantes des dames de Saubens et de l'expérience de son légat Jacques de Laroche, l'abbé de Feuillant donna son agrément, une bulle du Pape Sixte V fit le reste.

Les religieuses firent choix d'un monastère définitif et ce fut Montesquieu-Volvestre qui fut retenu. Le 23 mai 1588 (soit 6 à 7 ans après la première initiative) Monseigneur Du Bourg évêque de Rieux Volvestre consacra le premier monastère de l'Ordre des Feuillantines sur le territoire de la paroisse de Montesquieu-Volvestre.

Le succès de l'ordre fut considérable. L'archevêque de Toulouse obtint du Pape Sixte V une seconde bulle imposant la translation de l'ordre de Montesquieu à Toulouse, ce fut chose faite le 12 mai 1599.

L'affaire toutefois n'alla pas sans mal. Selon les chroniqueurs de l'époque, il semble que les récents émeutiers Dracénois refusant le transfert de leur préfecture à Toulon, n'étaient que de pâles émules des Montesquiviens de cette fin du seizième siècle.

Les vingt premières religieuses de 1588 dont Marguerite de Polastron Saubens (en religion Marguerite de Sainte-Anne) étant la Supérieure, furent en effet suivies par d'autres vocations. La perte d'un grand couvent n'était pas en effet une mince affaire pour Montesquieu-Volvestre. A Toulouse, l'ordre accentua son rayonnement, il atteignait en 1602 Bordeaux (fondation de l'ordre associé des Ursulines) et Arles.

Peu après les insistances de la reine Anne d'Autriche, épouse de Louis XIII eurent raison de la résistance de la nouvelle Supérieure (une autre Commingeoise, Charlotte de Touges, nièce de Marguerite de Polastron-Saubens); l'ordre put s'installer à Paris en 1622 au Faubourg St-Jacques, où existent toujours une rue des Feuillantines et une rue des Ursulines (4).

Signalons que la tradition locale situe le château de Saubens sur une terrasse dominant la Garonne en face de l'église. Le frère de Sainte-Anne, feuillant du 16ème siècle (rapport à Côme Roger évêque de Lombez en Comminges) précise que la première communauté d'une dizaine (?) de religieuses avant leur transfert à Montesquieu-Volvestre, était établie à quelques distances de ce château. D'ailleurs le château de Saubens malgré sa possession par la cofondatrice de l'ordre, la Dame de Saubens, ne fut pas apporté dans le patrimoine de l'ordre des Feuillantines.

Il était au 17ème siècle la propriété de Dadvisard. Sauf erreur de l'auteur les seules terres dans ce cas sont celles de Bazert (5). Les terriers de Muret du début du l7ème siècle (donc dès la fondation de l'ordre) témoignent en effet de la propriété des Feuillantines sur Bazert. La situation resta d'ailleurs inchangée jusqu'à la révolution et à la vente du domaine comme bien national.

Il apparaît logique de postuler dans ces conditions que c'est là que fut rassemblée à l'initiative de la Dame de Saubens, la première communauté de Feuillantines. Il est évident que les conclusions historiques reposant sur des hypothèses, sont rarement définitives.

L'auteur de cette étude serait particulièrement sensible s'il recevait des compléments d'informations (6) voire des informations sur ce point mal connu de l'histoire de Saubens et des Feuillantines.

bullet(1) La graphie habituelle de Feuillant est Feuillens au 16ème siècle. 
bullet(2) Où existent toujours les bâtiments conventuels du XVIIIème siècle. 
bullet(3) Saubens est le plus souvent écrit Sauvens. 
bullet(4) Victor Hugo habita l'ancien couvent. 
bullet(5) Existait aussi jusqu'au milieu du XIXème siècle une propriété bâtie contiguë à Bazert nommée Darrouilh aujourd'hui en ruines mais dont l'importance semble moindre 
bullet(6) Ecrire Château de Bazert - 31600 Muret

Revue de Comminges, 3ème trimestre 1976, Tome LXXXIX

 

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